Vidéos et Installations (réalisées à l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon) [1999-2003]
DNAP : 2002 (diplôme de 3e année)
CESAP : 2003 (certificat de validation de 4e année)
– 1999, décembre, à vendre (vidéo verte)
Lumière verte du nightshot. Cadrage façon surveillance d’espaces transitoires. La mise en scène du produit à vendre. Un vieux reste de Guerre du Golfe I au fond de la gorge. Blafardes sont les étoiles filantes qui médusent à la TV. Ça brille en vert. Un petit effort pour couper le souffle comme Bagdad sous les missiles. Allez, allez, remontez nous ces seins et donnez nous du contraste émotionnel. Que ça claque.
– 2001, septembre, le scintillant
Le scintillant, parce que Le scintillant, essai sur le phénomène télévisuel, de Dominique Avron.
« Spectacle », « comme au ralenti », « scènes de guerre », « spectateurs », « tours infernales » [La tour infernale, film de 1974], « apocalypse », le vocabulaire se cherche et pioche dans la mise en scène. Nous avons expérimenté notre premier événement planétairement collectif, en direct.
Hypnose, encore, de ces points lumineux vacillants. Il parait que dans la neige télévisuelle – cathodique – il y a des traces du rayonnement fossile. Bombardement de photons. Sur ces images, on ne voit rien. Ou plutôt si : on voit qu’on ne voit rien, qu’on ne comprend rien. L’homogénéité du signal ne garantit pas l’uniformité de la réception. Crépitement.
Esthétisation de l’horreur vous avez dit ? Et vous, c’était comment ?
– 2001, décembre, traduction simultanée
Faire dire aux images, sages, des choses. Rayonnements d’une angoisse fossile, peinture de photons. ça brûle. Es brennt mich. Es brennt meine Augen. Projetée en pleine lumière sur un mur blanc, la nappe de photons est trouée. Déchirure du frame rectangulaire et homogène. Tout autour, dans la pièce, entourer, sur les murs blancs, toutes les petites traces (de scotch, d’agrafeuse, de mouches écrasées, de frôlement un peu trop appuyé, etc.). Résidus muraux d’un passé ; milliers de traces. Les numéroter. Travail de fourmi, de silence et d’absurde. Une base de données sans contenu. Un carnet d’adresses plein de vide. Une mémoire physique, mais sans histoires.
– 2002, mars, perceptions fœtales
Rémanence du rayonnement fossile. Jusqu’à travers la paroi ventrale de la mère. Jusque dans le ventre maternel, percevoir les étincelles, le bombardement de photons. Poussières d’étoiles. Déjà avide du monde et de ses représentations hypnotiques. Pulvérisation et début des sensations, de la socialisation.
– 2002, avril, dissémination picturale (le champ des sirènes)
Poussière re(de)viendras-tu ? Pollen et pigments. La vidéo : un étalement de couleur sur une membrane écran. Les mains négatives et la transhumance, avec le feu et les pigments. L’ukiyo-e, le Fuji-san en fleurs et les montagnes de poussière. Peinture immobile, peinture de vent, laisser le vent faire la peinture du temps. Pollinisation, insémination, dissémination. Si le rayonnement fossile est encore perceptible, si le vivant dispose d’une sensibilité, il doit parfois se produire des saturations de l’atmosphère. Sorte d’aurores boréales de la perception, longues à se dissiper. Laisser le vent disperser les cendres.
– 2002, avril, spéculation
« La nuit du 21 juillet 365 avant J.C. érostrate brûle le Temple d’Artémis pour graver son nom dans l’Histoire de l’Humanité –
Temple dont Crésus était Mécène officiel… »
Entropie historique. D’Erostratos, il reste cette fable. On dit qu’il fut jugé et que son nom fut proscrit. Son témoignage n’a pas été retrouvé.